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La Seconde Intifada (2000 à 2005) Comment un Etat moderne peut militairement vaincre les Kamikazes

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La Seconde Intifada (2000 à 2005)

Comment un Etat moderne peut militairement vaincre les Kamikazes

 

Il existe un mythe tenace dans les sphères politico-médiatiques : « il est impossible de gagner face au terrorisme ».

Cette antienne a été réduite à néant à l’issue de la deuxième intifada ayant opposé l’Etat d’Israël au terrorisme islamique. Quand a commencé l’affrontement, personne – pas même les Israéliens – ne pensait que la victoire était de l’ordre du possible. On pensait que quelque soit la puissance militaire de l’Etat Hébreu, ce dernier serait incapable de mettre fin aux attentats terroristes car son armée était inadaptée à ce type de conflit et que la population palestinienne était prête – comme une entité homogène – à mourir pour la cause.

Quand on a – face à soi – des individus prêts à tout, la force n’est plus d’aucune utilité : la seule voie possible est d’abandonner la lutte. Contrairement à ce que l’on a pu penser, ce fut l’inverse qui se produit. Ce sont les autorités israéliennes qui ont progressivement repris le dessus sur le Terrorisme, en le tenant d’abord en échec puis en empêchant les attentats contre la population civile.

Et in fine, l’Intifada fut une défaite pour les extrémistes palestiniens dans la mesure où non seulement ils ont échoué à atteindre leurs objectifs mais de surcroit les israéliens ont accentué leur mainmise sur les territoires palestiniens.

Comment en est-on arrivé là ?

Par quelle réflexion et par quelle doctrine l’armée et la sécurité israélienne ont-elles pu s’adapter à ce nouvel adversaire ?

Pourquoi les succès initiaux des insurgés ?

C’est ce que nous allons tenter de comprendre dans cet article.

 

L’échec des pourparlers de paix

 

Depuis la guerre des six-jours en 1967, les territoires palestiniens (Gaza et Cisjordanie) vivent sous occupation israélienne. Mais aucune solution durable n’a été trouvée pour mettre fin à cette situation. Les palestiniens rêvent d’avoir leur propre Etat avec pour capitale Jérusalem-Est. Israël refuse et poursuit sa politique de colonisation en terre palestinienne. La tension monte.

En Décembre 1987, éclate la Première « Intifada » (mot d’origine arabe qui signifie littéralement soulèvement ou guerre des pierres). Le déclenchement de cet affrontement est dû à un accident de la route : un char israélien à Gaza a écrasé une voiture palestinienne tuant ses 4 passagers. Cet épisode met le feu aux poudres, les palestiniens sortent de leurs maisons et de leurs camps de réfugiés pour en découdre avec les militaires israéliens.

N’ayant aucune arme de feu, ils se servent de pierre comme projectile pour l’affrontement (d’où le terme intifada).

Les israéliens sont pris de courts et réagissent violemment : utilisation de matraques, de gaz lacrymogènes, passage à tabac des lanceurs de pierres quand ils sont pris sur le fait et parfois usage de balles réelles sur les manifestants, etc. La violence des images prises par la presse scandalise l’opinion internationale.

Les palestiniens prennent alors pleinement conscience qu’ils peuvent par la voie politique obtenir la création de leur Etat.

C’est aussi durant cette période qu’apparaissent les premiers attentats-suicides de types Kamikazes.

En 1992, les élections législatives israéliennes ont lieu et Itzhak Rabin devient Premier Ministre. Il fait sa campagne électorale sur le thème de la Paix en négociant avec les palestiniens. De discrètes négociations ont lieu à Oslo (Norvège) pour résoudre le conflit. Les négociations portent sur un retrait progressif de l’armée israélienne des territoires occupés, de la délimitation des frontières avec échange de territoire pour aboutir in fine à la création d’un Etat palestinien en paix avec Israël.

Un accord est finalement trouvé et il est signé à Washington entre Rabin et Arafat sous l’égide du président américain Clinton en septembre 1993. Mais cet accord de paix va échouer du fait des extrémistes religieux des deux camps.

Côté israélien, Rabin fut assassiné en Novembre 1995 par un fanatique juif opposé à la paix. Ses successeurs n’auront pas –loin s’en faut- la même conviction que lui.

Du côté palestinien, les organisations islamistes (notamment le Hamas) poursuivent une campagne terroriste contre Israël et ne reconnaissent pas l’autorité palestinienne.

Ce qui aboutit à une stagnation puis à un abandon du processus de paix. Le président Clinton tente une ultime médiation à Camp David à l’été 2000 mais échoue à trouver un accord du fait de l’intransigeance des deux camps.

 

Le déclenchement de l’Intifada

 

Convaincus que les négociations avec Israël n’aboutiront pas, les extrémistes palestiniens réclament une seconde intifada pour obtenir par la force des concessions d’Israël.

Ils sont encouragés en ce sens du fait de l’évacuation par les Israéliens du Sud-Liban où pendant 18 ans ils ont affronté le « Hezbollah » (parti politique Chiite crée par les Iraniens pour contrer Israël). Ce dernier présente ce retrait comme sa victoire.

Les palestiniens se persuadent alors que ce scénario peut se reproduire chez eux.

Le 28 septembre 2000, Ariel Sharon –ancien général israélien et hostile aux accords d’Oslo – décide d’effectuer une visite sur l’esplanade des mosquées (troisième lieu saint de l’Islam). Ceci est considéré comme une véritable provocation par les palestiniens et c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

Les manifestants palestiniens s’en prennent aux forces de sécurité israéliennes et c’est l’engrenage par « l’effet boule de neige ».


Emeutiers palestiniens 

Les objectifs des Belligérants

 

Du côté des organisations palestiniennes islamiques, l’objectif ultime reste la destruction de l’Etat Hébreu (article 7 de la Charte du Hamas).

Mais elles savent qu’elles ne pourront atteindre cet objectif.

Alors quels sont leurs véritables buts ?

Ils sont les suivants :

 

  • Créer un climat de terreur au sein de la population israélienne afin que cette dernière se démoralise et fasse pression sur le gouvernement israélien

 

  • Contraindre l’Etat d’Israël à se retirer des territoires occupés en touchant son économie

 

  • Et s’emparer du pouvoir au sein de l’autorité palestinienne (en supplantant le « Fatah » d’Arafat).

Du côté Israélien, l’objectif -dans l’immédiat- est de réduire le niveau de violence en rétablissant l’ordre et en protégeant les civils israéliens.

 

Les moyens mis en œuvre par les deux camps

 

Les organisations palestiniennes – et plus particulièrement le Hamas – s’inscrivent dans une logique de guerre asymétrique, c’est- à -dire d’un conflit du fort au faible ou du riche au pauvre.

La technique appliquée est celle de « l’attentat-suicide », qui désigne un individu prêt à sacrifier sa vie en se faisant exploser avec une ceinture remplie d’explosifs et de clous au sein de la population israélienne (civils ou militaires).

Les premières attaques de ce type eurent lieu en 1993 mais c’est sous la seconde intifada qu’elles vont s’amplifier de façon exponentielle. C’est un mode d’attaque à la fois peu couteux et efficace (un kamikaze peut faire des dizaines de victimes à lui seul et rencontre un grand succès médiatique). Difficile de trouver une parade pour contrer ce type d’attaques même avec une armée puissante.

On peut ajouter aussi des attaques de types conventionnelles : en envoyant des miliciens harceler l’armée israélienne sur ses bases, ses routes, ses lieux de repos et de ravitaillements…

La guerre se joue aussi sur le terrain médiatique : des palestiniens emportent avec eux des caméras ou des appareils photos afin de prendre des images compromettantes sur l’attitude considérée comme néfaste d’Israël afin d’obtenir le soutien de l’opinion public internationale.

 

La campagne de Terreur

 

Pendant les deux premières années de l’Intifada – de 2000 à 2002 – les palestiniens commettent des dizaines d’attentats de type kamikazes contre la population israélienne.

En 2001, il y a eu 40 attentats ayant causé la mort de 85 personnes.

En 2002, c’est 47 attentats tuant 238 personnes.

A ces morts, il faut rajouter des milliers de blessés – dont un fort pourcentage d’handicapés compte-tenu du fait que les bombes comportent aussi des billes et des clous – qui amplifie le nombre de victimes.

Devant cette campagne d’attentats, les autorités israéliennes dans un premier temps ne savent pas comment réagir. C’est la première fois qu’ils sont confrontés à une aussi importante vague d’attaques de ce type.

Les forces armées conçues pour combattre un ennemi visible et déclaré sur le champ de bataille ne sont pas adaptées à ce type de situation et la population civile terrifiée.

L’économie est touchée par ricochet : disparition des touristes qui désertent le pays et diminution des activités au sein des entreprises en raison de la situation (en 2001 et 2002, l’Etat d’Israël est officiellement en récession).

Attentat Kamikaze dans un bus israélien 

 

La riposte Israélienne

 

Ces deux années furent mises à profit par les Israéliens. Ce fut une phase de tâtonnement où les autorités ont mis en place de nombreuses réformes afin de mettre un terme à l’Intifada.

Mais mettre fin à la violence implique nécessairement un processus à la fois global et multifactoriel.

Quelles techniques doivent-être utilisées pour y mettre fin ?

 

  • Dans un premier temps il faut assurer le contrôle des populations palestiniennes,

 

Au Printemps 2002, « Tsahal » (l’armée israélienne) lance une offensive sur le territoire de l’autorité palestinienne afin d’avoir sous contrôle les civils. Cette mesure gène significativement les attaquants palestiniens à destination d’Israël car -pour atteindre leurs objectifs – ils doivent au préalable franchir le dispositif de sécurité (et notamment les cheiks-points).

Recruter des volontaires pour se battre devient alors très compliqués. De surcroît, cela limite les communications physiques entre les différentes cellules insurgées. Ce qui aboutit à une progressive asphyxie des militants palestiniens.

 

  • Procéder à des liquidations « ciblées »,

 

Cela signifie assassiner de façon individuelle les chefs de l’organisation terroriste et leurs principaux soutiens logistiques. Dans une guerre asymétrique, ce processus est plus efficace qu’on pourrait croire.

Parce qu’en les éliminant, on ne tue pas seulement les principaux membres, on supprime du même coup les individus les plus doués et les plus expérimentés de l’organisation.

Ce qui signifie une baisse qualitative du niveau militaire de ces mouvements et constitue un coup porté à leur moral. Enfin, les principaux concernés peuvent être amenés à dépenser la plus grande partie de leurs temps et de leurs énergies à leurs propres sécurités plutôt que de monter des attentats. Plusieurs centaines de personnes seront éliminées au cours de la seconde intifada. Ces liquidations sont menées par des raids de forces spéciales et notamment par des attaques d’hélicoptères.

 

  • Construire un « Mur de Séparation »,

 

En 2002, le gouvernement israélien décide de construire un mur de type « sécuritaire » le long de la frontière entre Israël et la Cisjordanie pour empêcher les candidats kamikazes de pénétrer en territoire israélien – ou a minima – de limiter leurs déplacements.

Ce qui complique encore la tâche des insurgés qui doivent déjà franchir les postes de contrôles israéliens sur leurs propres territoires.

 

  • Séparer les organisations terroristes de leurs soutiens extérieurs (à l’Etranger)

 

L’insurrection ne peut pas tenir si elle ne dispose pas de base dans des pays amis. Par différents moyens, Israël par sa diplomatie et ses services secrets font pression sur ces pays pour empêcher les palestiniens de se renforcer.

Le but étant notamment de les priver de leurs armes et de leurs financements, indispensable pour mener la lutte. C’est ainsi qu’une partie important des soutiens extérieurs des palestiniens tombera entre les mains des israéliens, ce qui limitera la marge de manœuvre des insurgés.

 

  • Mobiliser le public israélien,

C’est- à-dire tenir un discours extrêmement ferme, rendre confiante la population civile dans l’issue de la lutte, lui faire comprendre que la victoire finale est possible, faire passer le message sur la nécessité de se battre, etc.

Enfin apprendre aux civils sur la manière de prévenir les attentats : signaler un colis suspect ou abandonné, sur la façon de se comporter en cas d’attaque, comment avertir les autorités, etc.

 

Soldats israéliens en patrouille 

 

  • Activer le renseignement,

 

Dans toutes les guerres, la place du renseignement est primordiale.

Les israéliens ont alors donné le plus de moyens possible à leurs services de sécurité (Le « Shin Bet » pour la protection intérieure et le « Mossad » pour la protection extérieure). De surcroit, Israël est parvenu à se procurer de très nombreux informateurs chez les palestiniens. Selon Pierre Razoux, il y a eu jusqu’à 20 000 indicateurs au plus fort de l’Intifada.

Ainsi, les israéliens étaient très bien informés de ce qui pouvait se passer ainsi que des allées et venues des uns ou des autres.

 

  • Et enfin dissuader les populations palestiniennes de recourir à la lutte,

 

Les israéliens mettent en place un système médiatique de contre-terreur.

Tsahal fait avertir que si un kamikaze se fait exploser en territoire palestinien, sa famille en paiera les conséquences : elle sera expulsée de son logement (appartement ou maison) qui sera détruit et cette dernière ne bénéficiera plus d’aucune aide. Le but est de « forcer » les parents palestiniens à surveiller leurs propres enfants afin d’empêcher que le reste de leurs famille d’en subir les conséquences.

Les israéliens mettent aussi en place des numéros d’appels spéciaux afin que les familles informent les autorités de l’imminence d’une attaque ou d’un attentat par un membre de leur famille.

Et de nombreux appels ont été effectués par des familles désespérées…

 

Le résultat de cette campagne

 

Ces différentes mesures ont progressivement porté leurs fruits.

Les israéliens ont fait perdre leurs initiatives aux palestiniens. Les organisations terroristes au fur et à mesure vacillèrent sur leurs bases, enregistrèrent une baisse significative de leur efficacité et ne purent commettre d’autres attentats.

Le summum de la violence fut atteint en 2002 (47 attentats et 238 morts).

En 2003, il y a eu 23 attentats pour 145 morts (soit une diminution de 40% par rapport à l’année précédente).

En 2004, c’est 17 attentats pour 98 morts.

Et enfin, en 2005, c’est 9 attentats pour 33 morts.

Ce qui signifie qu’entre 2002 et 2005, le nombre d’attentats à la bombe a chuté de 81% et que le nombre de victimes tuées a baissé de 86%.

Le système de protection mis en place par Israël s’est révélé très efficace et a eu pour conséquence de mettre fin aux attentats – ou presque.

 

La fin de l’Intifada

 

Début 2004, Yasser Arafat tombe gravement malade. Fin octobre, il est transporté à l’Hôpital du Val-de-grâce à Paris pour être soigné. Mais il succombe à une infection le 11 Novembre.

En décembre, son successeur Mahmoud Abbas devient le nouveau président de l’Autorité Palestinienne.

Il entreprend alors des négociations avec Israël pour mettre fin à la violence.

Le 8 Février 2005, un accord de cessez-le-feu est conclu entre les deux belligérants.

Les organisations islamiques (y compris le Hamas) acceptent de le respecter.

C’est la fin officielle de la seconde intifada.

 

Le Bilan

 

Au cours de cette guerre, les pertes humaines furent élevées.

Chez les Israéliens, il y a 1050 morts (750 civils et 300 militaires) et 6000 blessés pour une population de 8 millions de personnes.

Chez les palestiniens, le bilan est de 4000 morts (autant de civils que de combattants) et 15 000 blessés pour 4 millions d’habitants.

Au-delà, des chiffres le résultat est sans appel : Israël est parvenu à briser la vague terroriste. Non seulement le nombre d’attentats et de victimes civiles ont considérablement diminués mais en plus la Palestine reste sous occupation israélienne. Progressivement, Israël a vu ses touristes revenir, son économie est sortie de la récession et elle réalise désormais un important taux de croissance.

En fait, les palestiniens n’ont atteint aucun de leurs objectifs et les Israéliens ont accentué leurs maitrises.

Mais ce succès n’est « que » militaire. Les raisons du mécontentement et de la violence restent toujours présentes encore aujourd’hui.

Reste à gagner la paix – ce qui est plus difficile que de gagner la guerre…

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