Les guerres Indo-Pakistanaises.
La poudrière du sous-continent Indien depuis 1947.
Il peut paraitre surprenant d’aborder ce sujet peu connu du grand public.
Rares sont ceux qui ont entendu parler de ces différentes conflits ayant opposé l’Inde et le Pakistan. C’est un dossier qui – pour différentes raisons – n’a pas attiré l’attention des médias. On a toujours considéré que c’était qu’un problème local entre deux états frontaliers qui ne nécessitait pas d’intervention majeure des instances internationales ou des grandes puissances (à l’inverse du conflit israélo-palestinien).
Mais ce sujet mérite infiniment mieux que d’être médiatiquement sous-traité.
En effet, loin d’être une simple anicroche ce conflit risque d’embraser un sous-continent entier, composé d’une population d’un milliard et demi d’habitants (soit le cinquième de la population mondiale) avec une utilisation d’armes nucléaires. Dans ce contexte, il n’est pas superflu de se pencher sur ce sujet.
Le Pakistan et l’Inde sont en conflit quasi-permanent depuis 1947.
Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi cet affrontement ?
1°) Historique
A l’origine l’Inde et le Pakistan constituaient un seul pays.
Au début du XVIème siècle, les « Moghols », des envahisseurs venus de Perse et de confession musulmane ont attaqué puis envahit l’Inde.
Puis ils fondèrent un empire qui dura plus de trois siècles (de 1526 à 1857).
Suite à cette invasion, les Indiens ont vu leurs pays devenir multiconfessionnels. Sous l’empire Moghol, le pays était dirigé par une minorité musulmane qui n’a jamais représentée plus de 15 % de la population. Tandis que la majorité hindoue (85 %) était tenue d’obéir. Malgré les efforts de certains empereurs moghols (en particulier d’Akbar qui régna de 1556 à 1605), il n’y eu jamais de réels ententes entre hindous et musulmans, chaque communauté vivait en vase clos et séparée l’une de l’autre.
C’est ici que débute la future animosité indo-pakistanaise.
Dans le courant du XVIIIème siècle arrivent les Britanniques qui acquièrent la domination commerciale puis territoriale de l’Inde après avoir envoyé en exil le dernier empereur moghol en 1858. Un succès de l’Empire britannique basé sur la supériorité militaire mais aussi sur une politique efficace du «diviser pour mieux régner ».
Les Britanniques ont intelligemment utilisé les tensions locales et confessionnelles à leurs profits : ce fut une des raisons pour lesquelles leur implantation fut si longue (près d’un siècle). Mais à la suite de la Seconde guerre mondiale, l’Angleterre bien que victorieuse fait figure de parent pauvre et doit faire face à une demande d’indépendance de la part des nationalistes indiens.
Dès le début des années 1920, Gandhi avait préconisé la lutte non-violente pour l’indépendance de son pays et avait obtenu un certain succès populaire grâce à la désobéissance civile face aux autorités. Se rendant compte que la situation n’était plus tenable (il y avait 100 000 colons britanniques pour 350 millions d’indiens), la Grande-Bretagne accorde l’Indépendance à l’Inde en 1947.
2°) La genèse du Conflit
Mais malheureusement cette indépendance va se faire dans le drame et dans le sang.
Certains responsables indiens de confessions musulmanes, étaient convaincus, dans l’hypothèse où l’indépendance de l’Inde serait accordée, que les intérêts des musulmans ne seraient pas garantis. D’autant plus que les affrontements interconfessionnels n’étaient pas rares du temps de la colonisation britannique.
C’est dans ce contexte que Muhammad Ali Jinnah s’impose comme le seul leader crédible de la « Ligue Musulmane» (Parti politique crée en 1906 et partisan aussi de l’indépendance). Ce dernier voulait alors fonder un Etat pour les musulmans (notons qu’il n’a jamais utilisé l’expression «Etat Islamique» qui aurait signifié tout autre chose) par la création d’une nouvelle nation appelée le Pakistan (« Le pays des purs »).
Début 1947, les autorités sentaient poindre les tensions.
Malgré les efforts de Gandhi, la décision de séparer Hindous et Musulmans en deux Etats distincts a été prise. C’est un épisode très controversé de l’Histoire mais compte tenu de la situation, on peut considérer qu’il n’existait que deux solutions imparfaites : c’était soit une Inde et un Pakistan indépendant soit une guerre civile à caractère ethnico-religieux.
Partition de l’Inde et du Pakistan en 1947
- Comment s’est opérée la partition.
Les autorités en charge du dossier ont décidé de faire la séparation en séparant les provinces à majorité musulmane (qui formeront le Pakistan), des provinces à majorité Hindou (qui seront l’Inde). Un avocat anglais Sir Cyril Radcliffe a alors été chargé de déterminer les frontières de ces futurs Etats durant les négociations pour l’indépendance. Or cet avocat n’est jamais allé dans le sous-continent indien et n’a eu en tout et pour tout que 5 semaines pour tracer les frontières. Cette méconnaissance de la situation locale et le peu de temps accordé ont conduit à un très mauvais traçage des frontières.
Le Pakistan fut constitué de deux provinces situées à l’ opposé l’une de l’autre (1700 Km de distance). A l’ouest, c’est le Pakistan Occidental (qui correspond à l’actuel Pakistan) et à l’est c’est le Pakistan Oriental (le Bangladesh d’aujourd’hui). Chacune de ces régions ont une identité politique, géographique et ethnique différente.
Les frontières ont été tracées avec une règle et non fonction d’une planification rigoureuse. De surcroît des affrontements et des massacres opposants les deux communautés ont eu lieu. Ce qui a conduit à l’exode de millions de personnes dans le pays : des hindous quittant le futur Etat pakistanais pour rejoindre l’Inde et des musulmans fuyant l’Inde pour le Pakistan.
Les régions les plus touchées furent le « Bengale » et le « Pendjab » (qui ont dû être coupées en deux afin de les répartir entre l’Inde et le Pakistan).
Selon les études les plus récentes et les plus fiables, on estime qu’il y a eu 12 à 15 millions de personnes qui ont été forcées de partir en exil (ce qui constitue l’exode de population la plus importante du XXème siècle) et il y a eu aussi entre 500 000 et un million de morts du fait des massacres.
Le Pakistan devient officiellement indépendant le 14 Aout 1947, l’Inde le lendemain 15 Aout.
Et enfin le dernier drame de la séparation a eu lieu le 30 Janvier 1948 quand Gandhi a été assassiné par un fanatique hindou.
3°) La question du Cachemire
Bien que des frontières aient été tracées, on a toutefois laissé le choix à certaines provinces de choisir leur pays de rattachement.
Une province va cristalliser les tensions jusqu’à aujourd’hui : le « Cachemire ». C’est une région montagneuse située à l’extrême nord du nouvel Etat indien et limitrophe avec le Pakistan. Elle est de taille modeste (186 000 Km2) et comprend 11 millions d’habitants. Sa particularité est d’être à majorité musulmane mais d’être dirigée par un prince hindou. Et ce dernier hésitait à se prononcer quant à rejoindre l’un ou l’autre des pays.
Devant cette hésitation et le nombre de musulmans au sein de cette province, le Pakistan a considéré tout naturellement que ce territoire lui revenait de droit et a envoyé des troupes pour s’en emparer. Le prince Hindou du Cachemire a décidé alors de se rapprocher de l’Inde pour stopper cette invasion.
Le gouvernement indien avait déjà empêché par la force certaines provinces à majorité hindou dirigées par des princes musulmans de rejoindre le Pakistan. L’inde envoie à son tour des troupes pour s’emparer du Cachemire (en fait chacun des Etats tentent de s’accaparer le plus grand territoire possible).
Pour Jinnah – qui est devenu dans l’intervalle le premier chef d’Etat du Pakistan- l’attitude de l’Inde est une remise en cause de l’existence de son pays. C’est ainsi que débute la guerre indo-pakistanaise qui continue encore aujourd’hui.
4°) Les Guerres
De 1947 à 1999, l’Inde et le Pakistan vont s’affronter à quatre reprises, essentiellement sur la question du Cachemire.
- La guerre de 1947-1948
A l’origine, c’était une course contre la montre.
Chaque Etat voulait éviter l’affrontement et prendre le terrain avant son adversaire. Mais les choses ne vont pas se passer comme prévu. A un moment donné, les deux belligérants se rencontrent et pour empêcher son rival d’avancer, la force devient la dernière option.
De surcroit, il y a eu certains dérapages d’un côté comme de l’autre du fait que les deux armées respectives sont aussi constituées de civils (se définissant comme des guerriers) au sein d’une troupe composée aussi de soldats professionnels et qui ne sont pas aussi disciplinés que ces derniers.
L’affrontement armé commence le 22 Octobre 1947.
Les deux camps vont alors multiplier les mouvements offensifs et défensifs pour conserver le terrain déjà gagné puis l’étendre le plus possible. Les combats qui ont lieu ressemblent davantage à une guerre de position qu’à une guerre de mouvement compte-tenu du caractère accidenté du terrain (région montagneuse). C’est un conflit limité dans la mesure où les adversaires ne s’affrontent que sur un terrain localisé et qu’ils n’envoient « que » quelques dizaines milliers d’hommes (par opposition à une guerre totale ou les deux ennemis s’affrontent sur toute la longueur de leurs frontières communes et engagent la totalité de leurs moyens).
Le conflit se termine le 31 Décembre 1948 quand l’ONU parvient à imposer un cessez-le-feu (qui entrera en vigueur le 1er Janvier 1949).
L’issue du conflit fut dans l’ensemble plutôt favorable à l’Inde. Cette dernière occupe désormais 101 000 Km2 du Cachemire (soit 54 % du territoire) soit la majorité de la région disputée et contrôle 8 millions d’habitants (soit 73 % de la population). Alors que le Pakistan n’en occupe que 85 000 Km2 (soit 46% du territoire) et 3 millions de personnes (27 % de la population).
Cette première guerre a fait environ 11 000 victimes militaires (3000 tués et 8000 blessés) équitablement réparties entre les deux camps ; le nombre de victimes civiles est inconnu.
Division du Cachemire entre le Pakistan (Nord) et l’Inde (Sud)
- La guerre de 1965
Bien qu’un cessez-le-feu fût déclaré, cela ne signifie pas la fin de la guerre entre les belligérants. Aucun traité de paix ne fut signé, donc c’est techniquement un état de guerre. Après la première guerre, le Pakistan accumule les problèmes : le père de la nation Mohammed Ali Jinnah meurt de tuberculose le 11 Septembre 1948, soit à peine un an après l’indépendance de son pays.
Ses successeurs n’avaient pas la même vision que lui et en ont profité pour devenir des autocrates.
Il aura fallu attendre 10 ans avant que le Pakistan ne se dote d’une constitution et que l’administration fonctionne correctement. Et le pouvoir civil a été remplacé par un pouvoir militaire à la suite d’un coup d’Etat du général Ayoub Khan qui dirige le pays à partir de 1958.
Mais pour autant le Pakistan n’a pas renoncé à son ambition d’annexer la totalité du Cachemire .
Toutefois en 1962, l’Inde subit une défaite militaire face à la Chine.
Ayoub Khan souhaite profiter de cette apparente faiblesse de l’Inde pour lui reprendre les territoires disputés. Le Pakistan monte alors l’opération « Gibraltar » qui prévoit l’infiltration de son armée dans les zones « cachemiries » contrôlées par son adversaire.
L’Etat-major pakistanais est persuadé que les Indiens seront pris au dépourvu et s’attend aussi à un soutien spontané des populations locales à majorité musulmane afin de créer une insurrection armée.
Encore une fois les choses ne vont pas se passer comme prévu. En Aout 1965, le Pakistan lance son offensive militaire. Mais cette attaque se heurte à une résistance indienne très forte.
La population civile quant à elle ne manifeste aucun soutien à l’égard des pakistanais (sauf exception).
La réponse de l’Inde est forte : elle mobilise son armée, l’envoie au Cachemire puis après avoir stoppé l’offensive, pénètre en territoire pakistanais. L’armée indienne arrive aux portes de Lahore (la capitale de la région pakistanaise). Ayoub Khan hésite avant de se lancer dans un conflit total contre l’Inde (cette guerre se veut comme « limitée » par les belligérants) puis accepte un cessez-le-feu qui met fin au conflit le 23 Septembre 1965.
En définitive, les pakistanais étaient mal préparés et n’avaient pas organisé le soulèvement de la population cachemirie. De surcroît, il y a eu une sous-estimation flagrante de l’adversaire.
Le résultat de cette guerre fut considéré comme un succès indien et un échec pakistanais.
En effet, non seulement l’Inde a bloqué l’offensive ennemie mais elle a aussi accru le territoire qu’elle contrôlait (l’armée indienne est parvenue à prendre 1840 Km2 de territoire au Pakistan, alors que ce dernier n’en a conquis que 300 Km2).
Les pertes militaires s’élèvent à 7000 hommes (3000 indiens et 4000 pakistanais).
A la suite de cette défaite Ayoub Khan démissionne en 1969 au profit d’un autre général. La même année, une médiation organisée par les soviétiques aboutit à un accord de retrait mutuel des deux armées sur les lignes d’avant-guerre.
- La guerre de 1971.
En 1970, à l’initiative du général Yahya Khan – devenu Premier Ministre en 1969- les premières élections démocratiques du pays ont lieu. Khan espère que ces élections vont lui permettre de s’imposer comme l’homme fort du pays puisqu’il aura le suffrage universel de son côté. Les élections se déroulent mais n’aboutissent pas au résultat espéré par Khan.
Son parti le « PPP » (Parti du Peuple Pakistanais) n’arrive qu’en seconde position avec 19% des voix. Tandis que le parti de son rival Mujibir Rahman – un indépendantiste bangladais -arrive en tête avec 39%.
Cette situation est aggravée par la répartition des votes : Khan obtient la majorité des suffrages au Pakistan Occidental alors que son rival est en position de force au Pakistan Oriental.
Khan et la junte militaire pakistanaise refusent de reconnaitre les résultats de cette élection. Cette décision provoque des manifestations et des troubles de grandes ampleurs au Pakistan Oriental réclamant la sécession.
Le 26 Mars 1971, le Pakistan Oriental proclame son indépendance pour devenir une nouvelle nation le « Bangladesh » et s’affranchir de la tutelle pakistanaise. Le même jour le gouvernement pakistanais décide de répliquer en lançant l’opération « Searchlight », en envoyant l’armée rétablir l’ordre. Mais cette mesure va mettre le feu aux poudres. Les habitants du Bangladesh organisent une résistance armée face aux militaires pakistanais.
Le Bangladesh bascule alors dans une véritable guerre civile et l’armée pakistanaise va devoir reprendre une par une les différentes villes qui se sont soulevées.
Le 25 Mai, les forces pakistanaises ont repris la totalité du pays.
Elle va alors se lancer dans une véritable purification ethnique et politique en massacrant tous ceux qui de près ou de loin étaient favorable à l’indépendance (certains parlent de génocide). Sur la foi de simples soupçons, des groupes entiers de personnes vont être exécutés et les viols seront innombrables. On estime aujourd’hui, d’après les informations les plus fiables qu’au moins 10 millions de personnes sont partis en exil afin d’éviter les exactions des militaires pakistanais.
Et il y a eu, au minimum, 300 000 civils qui ont été massacrés durant cette période (l’estimation la plus haute évalue les pertes civiles à 3 Millions de personnes …).
L’Inde qui a soutenu indirectement les indépendantistes bengalais subit les foudres du Pakistan qui le 3 Décembre 1971 attaque les bases aériennes indiennes lors de l’opération « Chengiz Khan ». Cette offensive aérienne n’aboutit n’a pas au résultat attendu puisque non seulement l’Inde n’a subi que très peu de dégâts, mais en plus elle décide de quitter son attitude attentiste pour se lancer dans une guerre ouverte contre le Pakistan au Bangladesh.
Elle mobilise son armée et pénètre en territoire bengalais.
Le Bangladesh est pris en étau par les forces indiennes qui l’assaillent de tous les côtés, l’offensive a été bien pensée face à des militaires pakistanais insuffisamment préparés. Et la population bengalaise soutient l’Inde dans cette lutte. Le résultat est alors inévitable : après deux semaines de combats, la totalité du territoire bengalais est occupé et l’armée pakistanaise est obligée de capituler le 16 Décembre.
La défaite est alors totale pour le Pakistan.
Le Bangladesh devient indépendant et est officiellement reconnu par la communauté internationale. Moins de 25 ans après sa création, le Pakistan n’aura pas réussi à maintenir l’intégrité de son territoire. Le pays est alors traumatisé par cette défaite et cette seconde partition. De surcroit, il a perdu un mythe national : ce n’est plus désormais « l’unique pays refuge des musulmans du Sous-Continent », puisque le Bangladesh est à majorité de confession musulmane.
Enfin les pertes humaines sont considérables. L’Inde n’a perdu « que » 14 000 hommes durant cette guerre (4000 morts et 10 000 blessés) alors qu’en comparaison le Pakistan a perdu plus de 110 000 hommes (9000 morts, 4000 blessés et près de 100 000 prisonniers). C’est la plus grosse prise de prisonniers depuis la Deuxième Guerre Mondiale. Sans parler des pertes civiles déjà évoquées
Guerre d’indépendance du Bangladesh (1971) avec le soutien de l’Inde
- La guerre de 1999.
Les frontières des deux Etats au Cachemire n’ont jamais été acceptées de façon définitive par les belligérants. Chacun à des revendications territoriales que l’autre ne veut pas concéder.
Devant l’intransigeance, il devient alors tentant de faire parler les armes pour s’approprier par la force des territoires que l’on estime revenir de droit. L’un des principaux lieux de conflit est le Mont Kargil, situé au centre de la Province du Cachemire.
C’est un endroit stratégique de plus de 5000 mètres de hauteur qui permet de dominer la région et constitue un excellent observatoire des mouvements de l’adversaire.
Il est sous autorité indienne. En Mai 1999, le Pakistan lance l’assaut afin de s’emparer du Mont Kargil avec l’équivalent d’une brigade de 5000 hommes. La particularité des combats résident dans le fait qu’ils se déroulent en terrain montagneux et à des températures extrêmes (il fait moins 30 voire moins 40 degrés). Ce qui n’est pas sans poser de problèmes pour la logistique et pour les hommes (qui passent davantage de temps à lutter contre la nature du terrain et le froid qu’à combattre l’adversaire).
L’inde riposte en envoyant des moyens importants pour reprendre le terrain : elle mobilise et envoie sur place une armée de 30 000 hommes. En Juin 1999, après un mois de combats, les pakistanais sous la pression militaire indienne et aussi sous la pression internationale (notamment des Etats-Unis du Président Clinton) décident d’abandonner la lutte en se retirant sur les lignes de front antérieures au conflit.
L’offensive du Pakistan se solde par un échec. Les pertes de ce nouveau conflit s’élèvent à 1100 hommes côté pakistanais et à 1900 hommes côté indien.
A ce jour, c’est le dernier conflit ouvert indo-pakistanais.
5°) Le rapport de force entre les belligérants aujourd’hui
Si l’on fait l’inventaire de l’ensemble des guerres qui ont eu lieu, on s’aperçoit que le Pakistan les a toutes perdues (parce qu’il n’a jamais pu atteindre les objectifs qu’il s’était fixé) et qu’il a toujours été à l’origine de ces conflits (c’est lui, en premier, qui a lancé les hostilités contre l’Inde).
Mais le Pakistan a-t ‘il la possibilité de l’emporter militairement face à l’Inde ?
L’Inde compte aujourd’hui une population de 1 ,241 Milliard d’habitants. En comparaison le Pakistan n’a une population que de 184 millions d’habitants. Ce qui signifie que l’Inde dispose d’une supériorité démographique avec un rapport de 1 à 7 environ.
Il est déjà difficile de l’emporter face à un adversaire disposant des mêmes moyens que soi, mais quand il y a une telle disproportion des forces, il devient très difficile pour ne pas dire impossible de l’emporter.
Cette inégalité n’est pas que quantitative, elle est aussi qualitative. En effet, l’Inde a une population qui en terme de formation est supérieure à la population pakistanaise. Quand on regarde le taux d’alphabétisation, le taux de diplômés du supérieur, les indiens sont largement en avance sur les pakistanais.
La différence est accentuée par le degré de stabilité des Etats.
La puissance d’un Etat se mesure aussi à sa stabilité, aussi bien civile que politique. Et dans cette catégorie l’Inde dépasse le Pakistan. En observant la liste des Etats en déliquescence en 2013(« Failed States Index »), sur les 178 pays de la liste, le Pakistan se classe à la 13éme place des pays les plus instables du monde alors qu’en comparaison l’Inde se classe 79éme.
La conclusion est que le Pakistan en cas de conflit majeur avec l’Inde n’a aucune chance de l’emporter compte tenu du grand déséquilibre des forces en présence – au mieux les pakistanais peuvent aboutir à un match nul.
6°) Des tensions qui persistent
De nombreux cessez-le-feu ont été déclarés mais aucun traité de paix n’a été signé.
La question du Cachemire reste sans réponse, or c’est l’épine dorsale des tensions indo-pakistanaise. Il peut paraitre surprenant de voir un tel acharnement de la part des deux belligérants pour s’emparer de cette province alors qu’elle ne présente aucun intérêt stratégique majeur (c’est une zone montagneuse et sans matières premières) qui de surcroît est faiblement peuplé (11 millions d’habitants) comparé à la population de l’Inde et du Pakistan.
Alors pourquoi tant d’affrontements ?
Au-delà de la rationalité, il semble que l’enjeu pour les deux pays est avant tout d’ordre symbolique. Chacun estime que renoncer à cet objectif reviendrait à une « capitulation en pleine campagne » face à l’ennemi héréditaire et constituerait une trahison vis-à-vis des pères fondateurs de la nation. C’est à l’image de ce que fut l’antagonisme franco-allemand sur l’Alsace-Lorraine.
- Des affrontements qui perdurent
Le contentieux entre ces deux pays ne se résume pas exclusivement aux différentes guerres qui ont eu lieu.
En effet, en-dehors des périodes de guerre ouvertes, les accrochages et les combats sur la frontière indo-pakistanaise sont monnaie courante.
Que ce soit au niveau terrestre, maritime ou aérien le conflit perdure. Depuis 1947, il y a eu des milliers de combattants des deux camps qui ont perdu la vie au cours de différents combats peu relayés par la presse internationale. Parfois, certaines crises menacent aussi de tourner à la guerre.
Ainsi en Décembre 2001, le Parlement indien à New-Delhi a été attaqué par des terroristes en provenance du Pakistan qui ont causé peu de morts mais ont porté un coup symbolique à l’Inde.
Cette dernière a cru que ces terroristes avaient été entrainés et envoyés par les services secrets pakistanais (ISI). Ce qui a provoqué une grave crise entre les deux pays qui a failli déboucher sur un nouveau conflit. Par la médiation et sous la pression internationale, la crise a pris fin sans recourir aux armes.
Quant au Cachemire, il existe une insurrection depuis 1989 menée par des populations locales – soutenu par les pakistanais – qui tantôt réclament le rattachement au Pakistan tantôt souhaitent l’indépendance de la province (mais ce mouvement a depuis été en grande partie éliminé par les troupes indiennes qui l’ont significativement affaibli). Mais dans l’intervalle, ce conflit a fait des dizaines de milliers de morts.
- Le spectre de l’arme nucléaire
Depuis 1998, l’Inde et le Pakistan sont devenus des puissances nucléaires (les indiens ont effectué leur premier essai nucléaire le 11 Mai et les pakistanais le 28 Mai de la même année).
Il y a désormais, une épée de Damoclès au-dessus de la tête des populations des deux pays. Si un conflit éclate à nouveau, il y a un risque d’embrasement nucléaire (la guerre de 1999 constitue le seul conflit au monde ou deux puissances nucléaires s’affrontent de façon conventionnelle sans recourir à l’arme suprême). L’inde disposerait d’environ 100 têtes nucléaires, le Pakistan de 80.
Vu la taille et la concentration des populations civiles dans cette partie du monde (un milliard et demi d’habitants), on est en droit de craindre le pire en cas de conflit.
- Les problèmes structuraux du Pakistan.
Contrairement à l’Inde, le Pakistan n’a toujours pas réglé depuis son indépendance en 1947, certains de ses plus graves problèmes internes. Aujourd’hui plusieurs autorités différentes sont présentes au sein de l’Etat pakistanais et on ne sait pas qui gouverne réellement. Il y a le pouvoir civil, la caste militaire, les intégristes islamistes et les différents lobbys. Chacun de ces pouvoirs peut se revendiquer d’être l’autorité suprême du pays. Plus inquiétant, on suspecte l’armée pakistanaise de ne pas avoir le contrôle complet des armes nucléaires.
De nombreuses crises secouent le Pakistan : dictature, islamisme, stagnation voir régression de l’économie, extrême pauvreté, illettrisme, corruption, absence de perspective d’avenir et manque de sentiment national (contrairement à ce qu’avait voulu Jinnah, l’islam n’est que le plus petit des dénominateurs communs des habitants du Pakistan).
OOO
Cette année dernière, les deux pays ont fêter le 71 éme anniversaire de leurs indépendances respectives et le conflit larvé – bien que d’une faible intensité à ce jour – n’a pas trouvé de solution durable.
Espérons que dans un proche avenir, ils puissent parvenir à un traité de paix qui permette de résoudre définitivement toutes les questions de frontières notamment au Cachemire.
C’est dans l’intérêt de leurs populations respectives que d’aboutir à une paix durable.